Le lundi 9 mars, nous organisions avec Feminists of Paris une table ronde à la MIE rue de Rennes à Paris. Le thème : Femmes & Cabarets, libération sexuelle ou objectification ?
Avant de lire le compte-rendu de la parole des intervenantes, retour sur les éléments de langage abordés au cours de cette soirée !
Nous recevions pour ce faire quatre femmes, quatre artistes, quatre danseuses issues de différents milieux artistiques. Nous les remercions mille fois encore d’avoir accepté notre invitation à venir partager leur vécu.
Pour faire un état des lieux du cabaret, il faudrait déjà le définir, et nous traitons pendant cette soirée de deux types de cabarets : burlesque et traditionnel. Leur point commun est qu’on parle :
d’une forme de spectacle vivant et de composition artistique impliquant différents types d’artistes : chanteur.se.s, danseur.se.s, acrobates, cracheur.se.s de feu, magicien.ne, clown...;
d’un travail de mise en scène, d’écriture chorégraphique, de recherche esthétique… L’essence du cabaret aujourd’hui est le travail autour du corps, autour de la représentation de la sensualité, de la nudité, que la danseuse soit intégralement nue ou partiellement « dénudée ». En cela, il se distingue des autres danses.
La principale différence que l’on peut faire entre le cabaret traditionnel / music-hall et le cabaret burlesque sont les différences de codes :
Pour le cabaret traditionnel / revue music-hall, la plupart des revues sont très codifiées, avec des numéros incontournables comme les plumes, le cancan, l’aérien… des numéros classiques dont le cabaret burlesque s'émancipe ou au contraire s'inspire pour les détourner, notamment avec du travestissement assez fréquent dans un sens comme dans l’autre ;
Le cabaret traditionnel / revues music-hall propose une majorité de numéros d’ensembles, des chorégraphies regroupant l’ensemble des danseuses de la troupe, là où dans le cabaret burlesque on a davantage affaire à des numéros individuels, ou des duos et trios… ;
Pour cette raison, les cabarets traditionnels ont des critères drastiques de recrutement, concernant le niveau technique des danseuses mais aussi sur les morphologies. L’argument principal avancé est l’uniformité et l’unité de la revue, afin que l’ensemble soit harmonieux et plus lisible pour l'oeil du spectateur, comme dans un corps de ballet classique. Dans le cas du burlesque, nous n’avons non seulement pas de numéros d’ensemble (ou très rarement) mais surtout, l’essence du burlesque depuis les années 1990 est justement de mettre en valeur la diversité des corpulences et des genres. Ainsi, chaque artiste devrait trouver sa place sur une scène burlesque pourvu que la qualité artistique soit présente !
On parle souvent de dîners-spectacles pour le music-hall, avec un public assis ; tandis qu'au cabaret burlesque, les artistes misent sur l'interaction avec le public pour faire avancer lenuméro, public sollicité sans cesse !
Les publics et la visibilité sont également très différents : d’un côté, on a le cabaret traditionnel qui bénéficie d’une image « grand public » notamment grâce à sa présence sur le petit écran, avec un public en salle de personnes plutôt aisées économiquement, de touristes, de quarantenaires, familles ou seniors // de l’autre côté, on a un public de niche, composé de femmes, de trentenaires, quarantenaires.
Nous avons mené une petite étude et finalement, on se rend compte que si les gens savent très bien donner leur définition du cabaret traditionnel et l’identifient correctement, beaucoup se heurtent à la définition du cabaret burlesque… ou alors l’associent automatiquement aux drag queens, à Madame Arthur et Chez Michou !
La danse est aussi liée au féminisme quand on étudie sa relation avec son public. Or, la plupart des lieux de spectacle ont été des lieux fondés et dirigés par des hommes, en direction d’un public essentiellement masculin. Ils sont le lieu au XIXème siècle d’un proxénétisme à grande échelle, le trafic des planches (lire notre article sur Danseuse & Malegaze). Aujourd'hui, la direction de ces salles de spectacles restent masculines en majorité, en revanche, les publics sont finalement assez mixtes.
Avant d’étudier la parole des intervenantes, on voit donc que la danse dialogue avec le féminisme, puisqu’elle est un point d'ancrage avec le corps de la femme et sa représentation publique et artistique. Plusieurs théoriciennes de la danse du début XXème siècle parlent de la représentation du corps féminin, ou du fait de sortir de l'anthropomorphisme ; de la revendication du féminin et de la sensualité d'un côté, de la désexualisation de l'autre.
Avec Jess Bennett, soliste au Crazy Horse
Scarlett Baya, ancienne dance captain de la revue L'Oiseau Paradis au Paradis Latin
Eden Weiss, danseuse et cofondatrice du cabaret La Flaque
Leo Poldine, danseuse et cofondatrice du cabaret Smart Tease
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