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LES DESSOUS DU CANCAN

Photo du rédacteur: Andrée GineAndrée Gine

Dernière mise à jour : 26 avr. 2021

Tout ce que vous rêviez de savoir sur le cancan...


Avant tout, un peu d’histoire…


Le cancan naît au début du XIXème siècle, et évolue dans un siècle de fortes contestations sociales, avec des idéaux républicains de plus en plus présents à travers plusieurs révolutions.

Les femmes s’imposent d’abord contre la monarchie, mais surtout contre le patriarcat, contre l’Eglise, contre l’armée. Elles prennent part à la Révolution de 1848 qui instaure le IIème République mais sont surtout aux avant-postes de la IIIème République et de la Commune.

La Commune de Paris de 1871 est vécu comme un traumatisme. Les femmes sont les premières, avec Louise Michel, à protéger la Butte Montmartre et à vouloir empêcher l’armée d’Adolphe Thiers de récupérer les canons postés dans tout Paris suite au siège prusse. Dans cette courte expérience politique, qui sera la première à mettre en oeuvre les recommandations de la première internationale socialiste, les instances représentatives sont paritaires. La répression par les Versaillais est inédite, et près de 30.000 Parisiens y trouveront la mort.

Le cancan connaît un grand essor post-Commune, et l’antimilitarisme dans la société prend racine. L’Eglise, de son côté, a la main mise sur toute la vie sociale et politique. La loi de séparation des Eglises et de l’Etat ne sera actée qu’en 1905. C’est l’Eglise qui dicte le fait qu’une femme doive être pure, respectable, qu’une mère de famille soit frigide, qui proscrit le divorce, qui assigne les femmes à la maison et les épouses au métier de mère.

Autre objet de la contestation anticléricale, l’érection du Sacré-Coeur au sommet de la butte Montmartre, à l’endroit même du début de la Commune et du massacre de la Semaine Sanglante. Beaucoup de Montmartrois y voient une provocation, visant à humilier les Communards morts au combat. Ces derniers combattaient pour la démocratie, pour la dignité, et pour la laïcité. Sur leurs cadavres encore tièdes, on y fera construire cette basilique dès 1875. L’Eglise est donc symboliquement celle qui offense les défenseurs des droits de l’homme.​​​





LE PORT D’ARME

Nous l’avons vu, le cancan s’inscrit dans une époque antimilitariste, valeurs dans lesquelles nous nous retrouvons aujourd’hui. Le pas du port d’arme mime le fusil, la baïonnette, portés à l’épaule. C'est un hommage aux femmes qui prirent les armes pendant la Commune malgré l'interdiction pour elles de porter une arme à cette époque. Sans elles, la Commune n'aurait pas vu le jour. Une victime sur cinq des Versaillais était une femme.

La jambe représente le canon de l’arme. Post-Commune, les danseuses se moquent aussi des armes, leurs jambes leur suffisent. Le pas peut se faire en passant la jambe devant le visage, ou derrière l’épaule à la seconde. Il peut s’exécuter en fixe, en tournant ou en sautillant. La danseuse, selon ses capacités, peut tenir sa jambe à une main ou à deux, utilisant selon l’autre main pour effectuer un salut militaire !​​​​​​​​​​​​​




LA MAYONNAISE

Symbolisant la mixité sociale et culturelle, la danseuse mouline son bas de jambe comme si celui-ci était le fouet qui mélange les ingrédients pour que prenne une belle mixture ! Le mouvement doit être fluide, délié pour pouvoir faire son effet.N’oublions pas qu’à l’époque de sa création, Montmartre était en pleine transformation. Rattachée à Paris en 1860, la butte est alors un repère de gens assez pauvres, réputée malfamée. Pourtant, les artistes les plus renommés affluent, et avec l’ouverture de lieux tels que le Moulin de la Galette, le Chat Noir et plus tard, le Moulin Rouge, les bourgeois viennent s’y encanailler.​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​





LA CATHÉDRALE

A deux ou à plus, les danseuses joignent leurs pieds pour les ériger vers le ciel, tel le dôme d’une cathédrale. Une souple manière de se moquer de l’Eglise en la mimant, tout en découvrant ce qu’elle abhorre : l’impudeur. C'est également un clin d'oeil à ceux qui ont milité contre la construction du Sacré-Coeur. Aujourd'hui encore, des Montmartrois, notamment descendants de Communards, réclament sa destruction.​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​





LE COUP-DE-CUL

Le coup-de-cul : le nom pourrait venir de la cavalerie. Il est en tout cas inventé par La Goulue, célèbre danseuse canaille qui avait brodé un coeur sur son postérieur et l'exhibait en des "saluts irrespectueux". Le coup-de-cul d'un cheval c'est quand il rue, et la ruade est une technique en cavalerie pour éloigner l'adversaire. On imagine le côté insolent et indomptable des danseuses dans ce pas. Mais aussi le côté provoquant de montrer ses fesses (d'autant plus à une époque où les jupes tombaient jusqu'aux chevilles) de "c'est pour voir ça que vous venez ? Vous êtes servis ! "





​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​LE SAUTE-MOUTON

Le saute-mouton, un jeu enfantin ? Et pourtant, nous on voit à la place du mouton cette foule silencieuse qui laisse faire une société patriarcale, misogyne et bien pensante, qui refuse d'ouvrir les yeux sur ses responsabilités. Nous, ce qu'on refuse, c'est de suivre cette vague, alors on passe au-dessus, on réfléchit et on ouvre nos clapets !​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​





LA TRIBUNE

Cette pose ne date non pas de la Belle Époque, mais bien d'aujourd'hui. Inventé par Andrée Gine et Antoinette en 2018, ce pas fait référence à la place des femmes dans la société, à la crédibilité qu'on leur accorde ainsi que l'oreille qu'on leur prête, notamment dans la sphère politique ou plutôt général dans l'espace public. Mais le mot tribune est aussi à prendre dans ce sens : l'un des danseuses monte à la Tribune pour s'exprimer, pour accaparer l'intention et nous trinquons à cela avec le public.​​​​


LA VICTOIRE

Encore un pas imaginé par Antoinette Marchal et Andrée Gine, la Victoire symbolise la consécration ultime que nous recherchons pour les femmes : l'égalité et la liberté ! L'une des danseuses prend son pied (enfin, ses pieds) et forme un V avec ses jambes en écart tandis que l'autre la fait tournoyer dans les airs. Elles savourent ensemble cette étape victorieuse (mais encore fantasmée) en pure sororité, l'une soutenant l'autre.





 
 
 

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