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Photo du rédacteurAndrée Gine

"Par vocation" : arrêtons d'invisibiliser le travail !

Combien de fois entend-on dire que les artistes, les enseignant.e.s font leur métier “par vocation” ou “par passion” ? Très fréquemment. Alors pourquoi ce terme serait problématique à l’heure où la valorisation des métiers du care, essentiellement exercés par des femmes, ou encore le secteur culturel devient urgente ?



Tout d’abord, point de passage obligé : Le Larousse ! Que désigne précisément le terme de “vocation” ?




Alors oui, bien sûr, si vous demandez à un.e enseignant.e ou à un.e infirmièr.e pourquoi iel a choisi cette voie, ce qu’iel pourrait faire d’autre, iel vous répondra que cette voie s’est présentée à lui, qu’iel a la passion de l’autre, le besoin de se rendre utile, de pouvoir partager, transmettre, aider. Le sentiment de déterminisme, de pré-destination est prépondérant.

Dans la plupart des métiers du care ou de l’art, les professionnel.le.s diront que c’est une vocation, qu’elle est en accord avec leur nature, leur caractère.

De toute évidence, tous ces métiers sont des formes de sacerdoce.


Cependant, le fait que le terme renvoie justement à une destination naturelle et incontournable, dirigée par une évidence, des compétences innées EST problématique.

Ce que le mot “vocation” n’induit pas assez, c’est le travail. Les efforts. Les sacrifices.

C’est peut-être de là que viennent les inégalités salariales et la précarité plus grande des femmes, qu’on retrouve en large majorité dans ces métiers.

On considère que, puisqu’il s’agit d’une vocation, l’engagement des travailleur.se.s est naturel, normal, et ne mérite pas de considération plus particulière.


Pourquoi payer décemment un.e artiste ou un.e aide-soignant.e, puisqu’iels ont déjà la satisfaction quotidienne de faire ce qu’iels aiment ? De toute façon, payés ou non, iels le feraient puisque c’est ce qui naturellement leur vient ?


La vocation est la carte souvent utilisée pour parler de secteurs qui paient mal, et vite dégainée pour excuser et occulter la précarité.


C’est ce que la crise de 2020 révèle : on attend des travailleu.r.se.s qui sont en première ligne depuis le début de la pandémie qu’iels continuent à faire docilement tourner le pays, sans se préoccuper d’elleux, en ne soutenant pas la nécessité d’avoir une vraie politique pour accompagner et revaloriser ces métiers. Parenthèse : les inégalités femmes-hommes ont été particulièrement mises en exergue au cours de cette crise.

On attend des artistes et intermittent.e.s qu’iels soient présents, qu’iels proposent des formes gratuites, en ligne ou dans la rue, étant donné que les salles sont fermées ou tournent à jauge réduite. MAIS NON.

Si la danse, le théâtre, le cirque, la musique sont des passions pratiquées par des millions d’amateurices en France, n’oublions pas que ce sont aussi et surtout des métiers. Des personnes qui ont travaillé dur pour en arriver là où iels sont, qui ont des charges, des impôts, des crédits, des bouches à nourrir, comme tout le monde.



Il me semble que la priorité aujourd’hui est de nous rappeler que si la vie peut nous offrir des moments de grâce, c’est notamment grâce à toutes les personnes sus-citées qui font un TRAVAIL formidable.

Oui, tout travail mérite salaire. Et un salaire décent. Faire le métier qu’on aime ne veut pas dire qu’on doit y consacrer des heures bénévolement. Que ce soit une vocation ne doit pas invisibiliser tout le travail impliqué.




Et tout cela, sans parler du travail domestique qui est effectué gratuitement par les femmes. Ici une petite vidéo de la comédienne et activiste Noémie de Lattre qui rend hommage à toutes ces femmes.




Allégorie de nos futurs...



Cette réflexion vient d’un discours que j’avais entendu à l’UNESCO pour la Journée mondiale des enseignant.e.s, prononcé par Najat Vallaud-Belkacem alors Ministre de l’éducation nationale et co-écrit avec sa plume, Matthieu Protin.

Je tiens à rappeler que je suis professionnelle du spectacle vivant en tant que chargée des relations publiques et de l'action culturelle, et non pas en tant qu'artiste. Toutes les activités de L'Armée des Roses visent à valoriser ce secteur et développer de nouveaux publics pour les artistes professionnel.le.s



Andrée Gine - octobre 2020


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